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"Auteuriser", à l’oeil et au doigt

Dans le chantier de pédagogie sociale porté par Laurent Ott, un texte de Tito Galli, m’a interpellé. Il exprime à travers un exemple vécu ce que je me conçois en grande partie dans mon action éducative au sein des Espaces Educatifs Bricabracs.

A la fois dans ma relation aux enfants mais aussi à leurs parents et autres personnes désireuses d’intervenir.

Un, pas deux, pas trois, un seul "auteurisant", acceptant, invitant, proposant et empêchant éventuellement, les unEs et les autres à prendre leur place. Un garant aurait dit Jean Michel Calvi, de l’espace collectif à l’image des auteurs de classe unique. Mais aussi un garant de son propre espace professionnel aussi. A l’écoute du collectif mais pas sous controle du groupe.

Un décideur au sens d’auteur de sa création, directeur de ses choix. Nullement "irréprochable", si il accède aux collectifs c’est pour s’en nourrir, pas pour que ce collectif le dépossède de son cheminement. Il propose une action, un agir à des personnes, mais rien n’oblige ces personnes à s’y glisser et rien ne les oblige à y rester.
Un collectif d’éclatement et d’intérêt ponctuel, plateau rhizomique d’apprenants se construisant sa propre culture. Cela concerne autant l’intervenant adulte de passage que les enfants et adultes du quotidien, qui, chacunE par leur agir poursuit son propre apprentissage,
mené à l’oeil et au doigt par un garant d’espace et de temps.
au risque des frustrations et ressentiment.
mais ... place à Tito.
Erwan /
enseignant-éducateur-garant d’espaces éducatifs

Le texte de Tito Galli / 23 février 2016, avec sa généreuse autorisation.

Danser avec Ivan et les Kesaj Tchave.

Le week-end dernier les Kesaj Tchave étaient au château de Buno pour une initiative commune avec les Robinson.

Si j’ai bien compris les Kesaj Tchave sont une troupe de danse et chant tzigane de Slovaquie. Ils sont en partenariat depuis quelque temps avec le Robinson et ils ont le projet de créer une troupe mixte Kesaj-Robinson et de produire avec cette nouvelle troupe un spectacle en France.

Dimanche je me suis rendu à Buno pour participer à la réunion du chantier de pédagogie sociale et on m’a proposé d’assister dans l’après-midi à une répétition de cette troupe qui commençait à exister depuis la veille. J’ai accepté.

Dans un langage traditionnel on dirait qu’Ivan est le directeur de la troupe. Dans les faits en le voyant agir et interagir je l’appellerais plutôt un animateur et un entraîneur : animateur parce qu’il éveille l’âme collective du groupe et entraîneur parce que, avec sa fougue, il entraîne l’énergie de chacun et de tous.

D’abord il met de la musique et les gens commencent à bouger, à danser : les Kesaj, les Robinson, les spectateurs. Une ambiance se crée : un milieu commence à vivre. Puis Ivan se met à jouer d’une sorte de balalaïka, il appelle les siens et les autres et à partir de ce moment-là tout se passe par la musique et par l’index droit d’Ivan. Les danseurs trouvent leur place, chacun la sienne. Les anciens aident les nouveaux à trouver leur place : le gens se poussent, se déplacent, s’organisent, bougent, dansent et chantent. L’ensemble n’est pas ’’irréprochable’’, il est tous simplement vivant et harmonieux. Ivan chante, joue et regarde : il voit l’ensemble et chacun et avec son doigt montre à chacun la place qu’il va prendre dans la chorégraphie.

Il existe l’expression obéir au doigt et à l’œil. Dans le cas d’Ivan et des Kesaj c’est un peu l’opposé : l’œil voit l’évolution du groupe et imagine la place de chacun, le doigt invite, autorise chacun à prendre sa place, les anciens comprennent et aident les nouveaux à le faire. J’ai vu l’enchaînement autorité, autoriser, être auteur se mettre en place tout naturellement.

Bien sûr Ivan est un homme : il arrive qu’il se trompe dans ses intuitions. Cela peut créer des frustrations, des ressentiments. Ou bien tout simplement le groupe ou les danseur font autre chose et la vie continue.

Au fur et à mesure les danseurs entraînent les spectateurs dans le vortex.

Je pensais d’assister à une répétition et en fait j’ai participé à la création d’un spectacle et c’était magique. J’étais spectateur, je suis devenu acteur et puis auteur d’une création collective.

Tito

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