Du plus lointain de nos rêves...
Navigation hivernale
Depuis notre dernière lettre d’info en décembre 2018, l’équipage des Bricabracs est monté en température, sans doute un effet hivernal que nous affectionnons. Notre Tanière ne s’est pas assoupie comme il se devrait dans une véritable économie du logis. L’incertitude a de nouveau frappée à la porte. Nous lui avons ouvert habitué à ses rencontres. Celle-ci bouscula, une fois n’est pas coutume, nos équilibres. Elle nous obligea à larguer des amarres vers de nouveaux ports.
Partir, voyager, s’amarrer, faire escale le temps de réfléchir, réparer ce qui doit, reposer ce qu’il faut… et hisser à nouveau la voile vers d’autres lignes de sonde.
Livre de bord de ces dix semaines : Départ d’une salariée vers d’autres horizons professionnelles qu’on lui souhaite enthousiasmant, réorganisation de notre temps pédagogique, implication de plus en plus grande d’une personne en service civique séduite par notre création, accueil de six nouveaux stagiaires venus de différents lieux (IRTS, CEMEA, AMU-ESPE, BEAUX-ARTS), poussée d’énergie de bénévoles de plus en plus impliqués – dans les cantines du midi à la Belle de mai, dans le jardin et le lombricompost l’élixir de vie de vos plantes, dans la cuvée maritime de soutien en partenariat avec l’association En Chantier, dans la préparation des Vides greniers/ concerts de printemps et pourquoi pas mini festival, dans la publication d’un livre sur nos trois ans de vie, dans la réalisation de dossier de subvention et fondation, dans le suivi de notre conseil de fonctionnement… - On le voit, l’individuation, coté adulte, fonctionne aussi ! Cela sans compter les visites fréquentes de personnes intéressées (1/ semaines ) et de trois nouvelles préinscriptions.
Au milieu du filet des imprévus se trouve aussi une escale pour les vingt enfants de 5 à 10 ans qui ont apprécié de séjourner cinq jours dans le froid et la neige de Lus La croix Haute. Artistiquement nous fumes aussi servis en participant à la dernière édition de Nos forêts intérieurs qui vient de s’achever à La Gare Franche (Marseille 15ème) portée par la scène nationale du Merlan.
Mais bon, il faut s’y faire, le printemps est là, la chaleur approche, pour ramollir les corps et les ciboulots. Nous allons pouvoir rentrer au frais, « s’étayer », comme d’autres ont hiberné. Notre création va se mettre à l’ombre, ralentir ses mouvements, les affiner, les préciser, sans rien relâcher, Elle persévérera au gré du rythme insatiable des minots, qui réclame d’embrasser les incertitudes des événements de l’enfance grandissante, ballottée socialement. C’est donc de temps de pédagogue social dont nous avons le plus besoin. Or cette richesse de temps et d’indépendance a un coût économique, que notre communauté de gibustiers, généreux donateurs mensuels a bien compris. Sans eux, notre engagement social finirait au mieux en cale sèche, au pire au fond d’une vasière.
L’enfance en fragments
« une paume sale nous semblait suffire
pour ces sales larmes d’enfant
car nous ne savions pas
que nous étions déjà tombés dans la vie
tombés dans cette vie
si douce et si tuante
que personne jamais n’en reviendra vivant »
Le Dehors et le dedans, Nicolas Bouvier.
Erwan, 27 mars 2019
Coordinateur des Espaces Educatifs Bricabracs.
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