Du plus lointain de nos rêves...
Automne chaleureux
« Salut ! pfff, j’suis bien content de revenir, c’était trop long les vacances... » Allez ils se la racontent encore ces Bricabracs. Ils vont nous faire le coup de « c’est mieux à l’école qu’à jouer à la maison… » Et bien c’est pourtant comme cela qu’une des plus âgées (11 ans) des espaces éducatifs (et sociaux, ça va mieux en le disant semble t il…) nous a salués en arrivant ce jour de retour de vacances. C’est le meilleur cadeau qu’elle puisse nous faire. Cadeau confirmé par une maman d’un des plus jeunes qui remarquait que son minot s’était levé sans problème pour venir ce matin, ce qui n’était pas le cas avant d’arriver à Bricabracs.
Le deuxième cadeau c’est que le travail, ils ne l’ont pas boudé, dans le plaisir de la besogne, de l’effort qui s’ouvre aussi sur l’oisiveté qui ressource. En effet en cette fin de matinée nous nous sommes tous regardés un peu étonnés de nous même : Wouah, c’était calme, ça bossait, pas de conflits, … c’était beau ce retour.
Le troisième, c’est d’entendre d’une maman unschooling en visite ce jour de rentrée, car elle se cherche une école aux petits oignons pour ses enfants, dire au moment du repas, « mais ils sont super autonome ces Bricabracs, en fait je leur fais trop de choses aux miens… » Responsabilisation, rigueur, perception d’un bien collectif et commun. CQFD.
Le quatrième cadeau, c’est d’apprendre que les mamies de nos jeunes italiens en sont restés les bras ballant quand nos deux poètes se sont mis à dire, par cœur ou en lisant, des poèmes de Victor Hugo et de Tahar Ben Jeloun qu’ils avaient glané au fil de nos derniers vendredis poétiques. Le grain prend, le rhizome se répend, incontrôlable, insaisissable si ce n’est en prenant le temps de tendre l’oreille, d’observer les mouvements et de faire confiance à notre choix d’éducation à l’incertitude, dans la rigueur et l’exigence, dans la souplesse et la disponibilité à la nouveauté, en garantissant aussi les choix de notre petite république d’enfants mais pas que.
Le dernier cadeau n’est pas venu des enfants. Nos espaces éducatifs et sociaux ont aussi comme objet d’accueillir des personnes, adultes ou non, qui ont besoin d’un coup de pouce. Les deux adultes que nous hébergeons régulièrement et accompagnons autant que nous pouvons, avaient eux aussi pris la mesure de l’intérêt collectif. Les lieux étaient aménagés, préparés, prêt à réaccueillir les enfants et les éducateurs.
On le sait, ça fait parti du projet, les espaces devraient être ouverts en permanence notamment aux enfants de tout milieu sociaux. Ils devraient aussi ne plus être repérés comme « école » au sens commun, mais comme un milieu qui se vit comme mille plateaux faisant une « N’autre école » : école du jardin, école de bricolage, de cuisine, de math, de danse, de poésie…
Pour décrocher cette lune, cela ne tient qu’à la présence de garants, pédagogues sociaux, qui veillent à la bonne cohésion des lieux dans cet environnement, tout en y ayant une activité spécifique d’éducateurs, qui spécialisé en jardinage, qui spécialisé en enseignement, en bricolage etc.
Cela suppose aussi un accès social le plus ouvert possible, non entravé par le coût, donc une prise en charge partagée par une communauté de soutiens au-delà même des utilisateurs du quotidien.
Si vous avez encore un doute, passez donc nous voir !
« L’enfant a une place d’auteur de sa propre émancipation. Il est un être social. [...]l’action pédagogique doit intervenir sur le milieu de vie sociale pour apporter des solutions aux besoins sociaux »*
Erwan et Charles, 7/11/19
Enseignants-éducateurs, pédagogues sociaux, des Espaces Educatifs Bricabracs
*Helena Radlinska, aux sources de la pédagogie sociale : écrits choisis », L’Harmattan, 2016, cité dans « en toutes lettres », 2019, autoédité par les Espaces Educatifs Bricabracs.
|