Retour à l’anormal ?
Presque au terme de notre année éducative, nous allons bientôt tirer le bilan ensemble de ces quelques mois, y compris de ce moment entre parenthèses où ne ne pouvions, au mieux, que nous voir, nous entendre. L’image et le son, s’ils faisaient beaucoup, ne pouvaient pas tout.
Se revoir, ça ne signifie pas rallumer un écran. Se revoir, ça veut dire entendre, écouter même, les bruits que font les autres sans qu’ils parlent, quand ils bougent, quand ils respirent. C’est être si proche qu’on sent quelque chose de la chaleur des autres. Même si l’on se touche, si l’on ne fait que se frôler, on respecte de toute façon cette distance indéfinissable qui s’établit comme une frontière sensible, comme cette fente de timidité que laissent certains arbres entre eux, pour pousser ensemble jusqu’au ciel en se laissant respirer.
Car nous avons été d’abord timides, quand on ne se connaissait pas ou qu’on croyait ne plus se connaitre. Mais nos feuilles bruissent déjà au vent du printemps qui finit, le soleil tire vers le haut les corps qui s’ébrouent, et la farandole reprend... |