Compagnons … nos jeunes camarades
Un anniversaire en guise de gué annuel.
Nous n’y pensions pas, c’est une de nos jeunes pousses, un camarade de voyage qui nous l’a rappelé. C’est l’anniversaire de bricabracs. 3 ans ! le 6 décembre 2014 paraissait au JO le premier nom « micro école Bricabracs – espaces éducatifs ». Depuis nous avons reçu un « Zéro de conduite »1 et nous avons décidé de quitter l’école pour devenir un « espaces éducatifs Bricabracs ». Le camarade qui n’a pas la mémoire courte du haut de ses 7 ans nous accompagne depuis les premiers tâtonnements d’avant même qu’on pense à s’institutionnaliser en association. Septembre 2015 il s’accrochait à la première barque larguée sur le flot artistique par une poignée d’adultes sourcilleux de s’y essayer. Nous n’avons pas échappé aux mutineries, chants des sirènes et autres tempêtes fréquentes. Mais nous avions décidé de faire nôtre, le principe de tâtonnement expérimental de C. Freinet. Malgré les avaries, les évolutions d’équipage, quelques un.e.s des protagonistes ont maintenu le cap. Ayant poursuivi le chemin chaotique, nos jeunes camarades ont glissé peu à peu de l’étonnement, de la remise en cause, de la curiosité, au compagnonnage des nouvelles « graines de crapule »2. Au-delà de leurs pairs ils deviennent aussi les plus fidèles compagnons de route soucieux de préserver la vie de notre tanière ouverte sur le monde. Ils nous rappellent le chemin qu’ils ont parcouru, mais par là même ce qui nous attend et nous pend au nez. Depuis cette 3ème reprise éducative en pédagogie sociale, voici bientôt 4 mois que nous avons engagé une course contre la montre. Tenter de ne pas se retrouver coincé dans la quadrature du cercle, ce problème sans fin. Jouer les Sisyphes ne nous rebute pas, ce jeu est un fait intégral de l’action de l’éducateur, du pédagogue social. Faire entrer en équilibre l’éducatif, le social et l’économique.
Nous sommes précisément au milieu du gué. Dans quatre mois nous n’aurons pas trop de choix : 1/ réduire la toile et donc diminuer nos prétentions par rapport au projet. 2/ Maintenir la configuration de l’orchestre et réfléchir à l’évolution du répertoire. 3/ la solitude des champs. Mais le terme restant incertain, nous laissons notre pensée ouverte à une autre fin que celle de l’œuvre de Koltès 3
« …
Le dealer
S’il vous plait, dans le vacarme de la nuit, n’avez-vous rien dit que vous désiriez de moi, et que je n’aurais pas entendu ?
Le client
Je n’ai rien dit ; je n’ai rien dit. Et vous, ne m’avez-vous rien, dans la nuit, dans l’obscurité si profonde qu’elle demande trop de temps pour qu’on s’y habitue, proposé, que je n’aie pas deviné ?
Le dealer
Rien
Le client
Alors, quelle [arme] … »
A moins que ce ne soit : quelles larmes ? de joie ou de peine…
En ce début d’une nouvelle année nous vous en souhaitons un savant équilibre des deux pour nourrir vos créations en tout genre.
Et si vous ne goutez guère la poésie, tentons le terre à terre : à ce jour, au vu des finances, nous n’avons aucune garantie de pouvoir continuer dans les conditions actuelles (2 éducateurs et 5 jours d’ouverture). Qu’on se le dise ! Gibustiers (donateurs mensuels), dons, vide grenier, cantine du midi, …
Sur cet édito, les yeux et les plumes de Erwan et Magali
Notes
- Zéro de conduite, film de Jean Vigo
- Graine de crapule, livre de Fernand Deligny
- Dans la solitude des champs de coton, livre de Bernard Marie Koltès
