La porte s’est fermée, celle qu’on ne ferme jamais. Il y a eu un temps de courant d’air, quelques jours où on ne savait pas très bien : si on devait faire, ce qu’on devait faire, avec quoi le faire. Ça tourbillonait un peu, dehors, partout, dans les maisons. Les éléments qui s’agglutinent et font corps, qui font le collectif bringuebalant parfois, audacieux souvent, découvrant toujours, se sont disséminés. Le contact, physique, si précieux, est dorénavant réservé à un espace restreint. 

Très vite pourtant, la parole a circulé, les mots, les textes, les créations et les questions des unes et des autres, les défis. Notre réseau souterrain a raccroché ses fougères, qui continuent partout à se déployer, dans toutes les directions qui s’offrent. Notre classe est unique en ce qu’elle parvient à se reconstituer à distance, pas uniquement depuis son double centre d’éducateurs qui alimentent les machines à connaitre, mais depuis toutes ses excroissances qui retissent la petite forêt, celle qui existe hors-sol. La forêt des liens, de ces lianes impromptues qui traversent l’espace, par des connexions virtuelles, par des mots échangés, par des désirs d’ailleurs. Les têtes sont au travail, chacune à son rythme, chacune dans son lieu ; l’utopie continue à se faire ensemble, elle est la contagion que nous souhaitons. 

Pour cette lettre d’info aux quatre vents, nous avons voulu écrire plusieurs contributions. Erwan et Charles interrogent les questions de pédagogie qui les accompagnent dans tous les exils et les confinements ; Magali jette un regard positif sur le chamboulement et nous offre quelques mots d’espoir pour l’après ; Marie-Claude s’émerveille de la vie de notre équipage et de tous ses marins. Ensemble, nous vous envoyons ces quelques nouvelles de l’aventure Bricabracs qui, même porte fermée, vit aussi fort qu’elle peut le faire.