Quand j’étais petite je me souviens d’avoir eu peur de rester
enfermée dans l’école. Je m’imaginais toutes les situations
possibles, par exemple que j’étais allée quelque part et entre
temps il était 16.30 et tout le monde sortait sans se rendre compte
que moi j’étais resté dedans. Je m’imaginais alors de me
retrouver seule dans ma classe tout au long de la nuit. C’était
une peur mélangée à une curiosité indicible parce que j’étais
sure que mon école dans la nuit se transformait en autre chose,
qu’elle avait une autre vie secrète.

L’autre nuit j’ai passé la nuit dans l’école de mon fils,
pour lui ce n’était pas la première fois car à Bricabrac les
nuitées sont une expérience que l’équipage de la tanière à
vécue déjà plusieurs fois. Appréhender la nuit, s’abandonner
au sommeil a côté des copains, pas loin des éducateurs, dans le
même espaces où la journées on fait les maths, on lit des romans
et on fait des assemblés, c’est une aventure précieuse.

J’ai vu mon fils se préparer aux nuitées avec un mélange de peur

et d’irrésistible envie, car dormir loin de la famille, à l’école
c’est une expérience qui n’arrive pas à tout le monde. Mais
cette dernière nuitée était spéciale car il y avait aussi les
parents avec les tentes, car on saluait le départ de certains
enfants qui ont fait parti de l’école depuis son origine, une
nuitée après une année qui nous a tous isolées et bouleversée.
Cette nuit là je n’ai pas beaucoup ni bien dormi, mais pendant que
je sentais de loin les bruits des enfants dans les autres tentes, et
les voix d’autres parents encore réveillés je me suis dit, avant
de glisser dans le sommeil, que j’étais heureuse enfin de passer
la nuit dans une école.

Arianna, 29 juin 2021,

Maman de Carlos