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Et au milieu coule l’humain

Et le milieu dans tout cela. Nous arrivons avec nos gros sabots, notre dizaine de marmots, des allées venues, de l’occupation d’espace extérieur, comme intérieur, toilette, cuisine, couloir, salles, … nous salissons, nous faisons du bruit, etc. bref, nous sommes présents, vivants.

Or, dans ce lieu, il y avait déjà un milieu, voir des milieux, des sous espaces humains qui se côtoient, depuis 25 ans ! Comment ça se passe avec ce multi milieu dans un espace qui certes peut paraître grand, mais à bien y regarder, ne l’est pas tant que cela vu le nombre de personne qui y déambulent, pour les uns fréquemment, pour d’autres furtivement.

Ce qu’il y a d’étonnant, c’est l’accueil qui nous est fait. Certes, il y a des inquiétudes. Comment allons nous faire pour le frigo ? Faudrait voir avec les responsables … on ne peut pas décider… et puis vous savez il va y avoir beaucoup de monde à circuler, des camions à décharger, ça risque d’être compliqué…
Il faudrait aussi faire attention à ne pas déranger ceux et celles qui travaillent sur place. Ne pas les envahir par notre présence, nos sollicitations.
Il faudrait aussi ne pas gêner les locataires et la gardienne des lieux, ou encore les jardiniers qui vont et viennent. Quand à la voisine, évitons de nous garer devant, elle n’aime pas cela.

Voilà trois semaines que nous vivons le « ça risque de ... ». A ce jour, ça risque surtout de faire du lien, du contact, de l’échange, du don, du partage et de l’union solidaire, coopératif…

Je n’ai pas retenu le prénom de touTEs, je me risque malgré tout pour un inventaire à la Prévert, et j’y reviendrai s’y j’en oublie
Lundi, jour de resto du cœur. Deux personnes nous amènent deux sacs de jouets. C’est pour l’école, ça vient de nos petits enfants. Ça pourra vous servir.
Ce même jour, j’anticipe la venue des camions, réduction de la zone de vie des enfants pour l’extérieur. Finalement, Momo (Mohamed) passe par là et me dit : « Ne t’inquiète pas, on va faire le tour. On va décharger par l’autre entrée. » Des solutions. Des personnes vont et viennent. Bienveillantes, curieuses, ou désintéressées. Ça ne gène en rien les activités des unEs et des autres ; Les enfants eux mêmes se glissent dans cette présence inconnue et imprévue sans soucis.
En cuisine, ça accueille, ça aide l’enfant venu prendre un verre, faire une vaisselle…
Tiens Michel viens de passer. Un locataire récent qui passe dire bonjour régulièrement.
Là, c’est Jean Paul, une des mémoires des lieux, le voisin au cheval, l’arrangeur et facilitateur de solution. - Vous voulez les tables pour manger, on a fini ? - T’inquiète me répond il, il y en a d’autres, vous embêtez pas. - Mais vous pouvez venir ici manger aussi. - Oui, je vois ça, mais tout le monde n’est pas d’accord, merci. Je vois avec eux…. Jean Paul c’est la poignée de main franche et chaleureuse. Quand il est dans le coin, il passe saluer.
Là, c’est Odile qui arrive avec un carton. Plein de bouquins, pour les plus grands, généreux, de Daudet à Marx (pas les Brothers, le manifeste…). C’est aussi Odile et sa bande de cuistots qui accueillent nos mets dans le four. Ils s’écartent, proposent, font goûter, accompagnent les enfants dans ce qu’ils ont à faire, améliorent l’organisation de cet espace cuisine, etc.
Une mobylette passe. Pfuit. Ça, c’est Géraldine. Coordination de l’occupation des salles, la gardienne. Discrète, on ne la voit pas. Efficace et apaisante : au bout de 3 changements de dates de réservations de salle, elle aurait été en droit de s’énerver un peu…
Alors les enfants ! Ça va… Momo, le midi, Momo, dans l’après midi, Momo, en passant. Chaleureux, vivant, accueillant, solutionnant… au jardin, dans les locaux, aux resto du coeur… il est partout.
Il y a aussi souvent ces enfants de passage avec leur maman. On en est encore à l’observation. L’autorisation de participation avec nous n’est pas encore bien clair. Je peux. Je ne peux pas. Tiens je te ramène la corde à sauter que j’ai emprunté hier soir. Et puis le ballon … mets tout cela dans le coffre. Ils sont là pour ça. Servez vous et rangez les ensuite, avec plaisir.
Et leur maman, qui étaient là bien avant nous, me demandant l’autorisation de monter sur le coffre pour faire les carreaux ?!

Partage de lieu, respect des espaces, des choix de fonctionnement des groupes y vivant.

C’est comme avec la voisine d’en face. Elle serait pas contente de la présence des voitures. Il aura suffi qu’une maman aille la rencontrer, un matin, à l’occasion, pour que l’entente semble possible.
Il y en a bien d’autres dont j’ai les visages en tête, pour un simple bonjour, un sourire, un commentaire, un encouragement, ou une rare tête timide ou incrédule qui semble dire qu’elle n’en veut pas de cela, de ceux là. Sans compter ceux qu’on ne voit pas sur place au quotidien (Olivier, Michèle, Philippe, Benoit, etc.), mais qui gèrent les choix d’orientation de la vie de l’association présente sur place et de leur paroisse.

Enfin, il y a celle que l’on voit le plus puisqu’elle travaille sur place, en face de la classe. Aline. On ne devrait pas trop le dire car son patron, Philippe, nous a prévenu qu’il ne fallait pas l’embêter. Mais c’est ainsi , nous vivons un lieu commun, nous sommes sur la même longueur de pensée, avec les mêmes envies. Alors, ça échange, ça partage, elle, dans le cadre de ses fonctions associative : elle nous ouvre le jardin, elle prête les outils, se rend disponible pour prêter un livre sur les arbres aux enfants, pour gérer le compost, dont nous avons pris la charge en s’emparant de sa poubelle organique qui attend de se remplir dans la cuisine. C’est aussi le lien avec les différentes activités de son association (la cuisine, le jardin, …) et les personnes présentes. Donc avec le quartier. Administrativement, c’est aussi une possibilité de travail en commun, de projets associés, que Nicolas, notre trouveur de subvention, apprécie. Bref, sans elle, ce serait plus compliqué.

Alors bien sur, nous n’en avons pas fait le tour. Nous n’avons pas encore rencontré les scouts par exemple, ni les jardiniers, aperçus de loin. Nous voyons et entendons aussi que tout ce microcosme n’est pas né de la dernière pluie (rare à Marseille) et ne poursuit pas son chemin sur un long fleuve tranquille. Ils ne rechignent pas à hausser les voix, dire les désaccords quand ils en ont besoin. Par exemple, la coordination du lieu pour les choses nécessaires et obligatoires que sont le ménage, l’entretien des sanitaires et de la cuisine, assurer le savon, les serviettes, le liquide vaisselle, le café etc. n’est pas simple.
Certes… comme partout.
Malgré tout, après 3 semaines de vie commune, à se découvrir, j’ai le sentiment que l’humain dans tout cela, dans ce milieu, il est davantage porteur de lignes de possible qu’élément bloquant sous parapluie institutionnel.

Un humain prometteur de belle suite dans l’espace et dans le temps.

Erwan / enseignant, éducateur, animateur, pédagogue, … chez les Bricabracs
Marseille, le 23 septembre 2015

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