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Après ma visite à l’école Bricabracs jeudi 3 mars 2022

Après ma visite à l’école Bricabracs jeudi 3 mars 2022

J’ai entendu parler de cette école depuis longtemps, par le réseau Icem-pédagogie Freinet. Je savais qu’un ex-instit de l’école publique s’était lancé à créer une école associative hors contrat, dans les quartiers Nord de Marseille. Or il se trouve que j’ai un lien particulier avec ce coin de France, puisque j’ai fait toutes mes études à Aix-en-Provence et que j’ai commencé comme enseignante il y a presque 40 ans...dans les quartiers Nord de Marseille ! J’ai travaillé dans plusieurs écoles : à Sainte Marthe, au Plan d’Aou et aussi à l’Estaque, et j’ai habité une année dans la cité de la Savine (en 1984).
Mon aventure professionnelle s’est ensuite poursuivie à La Réunion puis à Lyon, où je me suis fixée et où je suis toujours. J’ai toujours un attachement pour cette ville de Marseille et cette région, où réside une partie de ma famille.
Créer et faire vivre une école, quel défi. La créer dans un quartier populaire et se référer à la pédagogie sociale, double défi. Poursuivre un chemin au sein du mouvement Freinet français, qui revendique le choix de l’école publique, triple défi.
Personnellement, bien qu’étant évidemment attachée à l’école publique, je pense depuis longtemps que l’Icem se coupe de forces vives et se prive de débats fructueux, en n’intégrant pas les initiatives associatives qui se réfèrent à la pédagogie Freinet et à l’Education Nouvelle.
Alors, quand j’ai eu la chance de rencontrer Charles et Magali au festival de pédagogie sociale à Chilly Mazarin en mai 2021, j’ai saisi l’occasion pour discuter avec eux et mieux connaître ce projet. Suite à leur invitation, j’ai mis dans un coin de tête l’idée de faire une visite à Bricabracs dès que possible.
Ce possible s’est présenté, grâce à mon actuel poste de formatrice qui me laisse une certaine liberté d’emploi du temps, et à l’amitié avec Katrien, que j’ai rencontré dans les congrès Freinet et qui pratique la PF en Belgique . Elle désirait connaître la région et visiter des écoles, nous nous sommes motivées mutuellement.
Et nous voilà !

Super accueil par Erwan, Charles et Magali, puis par les enfants qui sont à la fois habitués aux visiteurs et curieux de savoir qui nous sommes, d’où nous venons.
Erwan nous explique dans les grandes lignes le projet associatif, l’histoire de l’école et les principes de fonctionnement.
Nous découvrons ce lieu incroyable, qui porte bien son nom : oui c’est un « bric-à-brac » , fait de multiples recoins à l’intérieur et à l’extérieur. Un lieu à vivre ! Dès la visite on sait qu’on pourra ici explorer, jouer, lire, écrire, cuisiner, bricoler, se reposer, jardiner... autant d’ingrédients pour apprendre. Nous sommes impatientes de comprendre comment les apprentissages sont organisés. La proximité d’un lieu d’accueil ouvert sur le quartier et de jardins partagés pour les habitants nous apparaît comme de belles ouvertures possibles.

Nous avons donc suivi le rythme d’une journée, qui est structurée avec des temps bien marqués.
Matin : accueil, assemblée de démarrage, activités scolaires individualisées, regroupement des grands (ce jour- là : géographie de l’Europe autour de la localisation de l’Ukraine-actualité oblige !) pendant que les petits jouent dehors, regroupement des petits en déchiffrage de lecture, fin du travail individualisé. L’enseignant est très présent, il anime, supervise, aide, régule, conseille.
Midi : organisation collective du repas, apporté par chaque enfant de la maison... pas vraiment de pause pour les adultes ! Mais c’est malgré tout le moment de discuter de l’école, des enfants, des relations avec les parents...
Après-midi : jeux collectifs extérieurs proposés par des enfants et animés par Charles, temps de projets et de jeux libres en intérieur ou extérieur -l’enseignant est alors plus en retrait-, assemblée pour présentations de peintures et d’objets apportés de la maison (+ les questions aux « deux Catherine’s » !) et à nouveau travail individuel ou par petits groupes -ce jour-là pour préparer la présentation de poésies qui aura lieu le lendemain.
Nous assistons à la sortie et au temps de contact avec les parents, qui a lieu au portail suite à une modification du fonctionnement, puisqu’auparavant ils entraient et récupéraient leur enfant sur son lieu d’activité.
En fin de journée, nous avons l’occasion d’assister au début de la réunion mensuelle de fonctionnement de l’association, avec des parents et des « alliés » membres du CA de l’association. Nous mesurons l’ampleur des contraintes liées au statut de l’école : financements, dossiers d’agréments etc... Le projet actuel est le développement d’un volet « extra-scolaire » sur les vacances, en lien avec les écoles et structures sociales du quartier.
La journée se termine, nous retournons au centre de Marseille après avoir traversé les quartiers Nord en bus. Je retrouve l’univers complexe de ces quartiers de grandes cités juxtaposées, avec des traces du paysage passé encore présent : jardins comme à Bricabracs, parcelles d’oliviers, petites maisons, accès proche à la colline... Tout un monde, comme une enclave à part dans la ville.
Nous sommes reparties avec beaucoup de questions que malheureusement nous n’avons pas eu le temps d’échanger ou d’approfondir avec l’équipe. Nous espérons pouvoir poursuivre la réflexion, lors de prochaines rencontres.

Catherine Hurtig-Delattre

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